Histoire et Patrimoine


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Deuxième guerre mondiale

1945

La reconstruction et les ordonnances de 1945

La reconstruction de la France est impérieuse au regard de la destruction matérielle et humaine qui lui est infligée depuis 1940 et des exigences allemandes consenties après la capitulation, lors de la signature du traité d’armistice, le 22 juin.

La destruction matérielle du territoire hexagonal fait suite aux attaques allemandes lors de la bataille de France qui ont ravagé les villes du Nord et aux bombardements aériens des Alliés qui occasionnent la plupart des dommages en anéantissant, principalement à partir de 1943, partiellement ou totalement, les ports, de nombreuses agglomérations et les réseaux de communication dont celui du ferroviaire. Les combats urbains de la Libération participent également au délabrement des zones concernées. Le patrimoine immobilier est durement touché et déclenche une crise du logement à la sortie de la guerre. Dès la fin du conflit, la reconstruction française s’amorce.

La France a supporté le poids de l’occupation allemande dont la Convention d’armistice avait fixé le prix à 400 millions de francs par jour, puis à 500 millions de francs à partir de l’occupation de la zone libre, sans compter les frais d’occupation dus à l’Italie. La Commission du coût de l'occupation, créée par décret ministériel le 21 octobre 1944, rend son rapport à l'été 1945 et évalue le coût de la guerre et de l'occupation pour la France à 4 896 milliards de francs, valeur de 1945. Sont compris les destructions allemandes ou alliées de toute sorte, le pillage des ressources, des biens de consommation grâce au taux arbitrairement surévalué du reichsmark, les spoliations, les réquisitions des machines les plus modernes transportées outre-Rhin, des chevaux, les prélèvements sur près de 30% de la production de charbon, 74% du minerai de fer et 50% de la bauxite, les prélèvements sur la viande (21%), le blé (13%), le lait, le beurre et autres denrées alimentaires transférés en Allemagne.

Le pillage a concerné aussi les hommes indispensables à l’économie allemande pour remplacer ses combattants. Dès 1940, 1 500 000 prisonniers français sont dirigés vers des camps en Allemagne où beaucoup sont utilisés comme main d’œuvre. L’ouverture du front de l’Est accentuant les besoins, une intense propagande fait appel à des travailleurs volontaires. Autour de 200 000 personnes acceptent de s’expatrier pour un temps plus ou moins long. Pour répondre aux demandes croissantes de l’Allemagne, le régime de Vichy instaure, en septembre 1942, le travail obligatoire pour la relève des volontaires mais cette relève ayant échoué, il décrète, en février 1943, le Service du travail obligatoire (STO) qui liste et envoie vers le Reich 650 000 hommes.

En 1944, la libération progressive du territoire révèle non seulement les dommages aux biens successifs aux hostilités mais également l’ampleur des dommages aux personnes. La population est meurtrie, rationnée et appauvrie. Pendant l’occupation, la majorité de la production française était destinée à l’Allemagne et les prix au marché noir étaient rédhibitoires. Après la guerre, chaque Français n'a droit qu'à quelques grammes de sucre par mois ou de viande par semaine ; la mortalité infantile dépasse cent pour mille dans certaines régions. Les cartes de rationnement perdurent jusqu’à leur disparition en 1949.

À l’été 1945, l’industrie française doit convertir sa production de guerre dans le cadre d’une économie de paix. Le retard de développement accumulé par rapport aux États-Unis, durablement enrichis durant le conflit, est manifeste.

La reconstruction apparaît comme une priorité nationale et mobilise l'ensemble du corps social. Elle avance rapidement et connaît une évolution spectaculaire jusqu’en 1947 grâce à la détermination des ouvriers français. À cette date, la France a récupéré sa production de charbon. Elle ne peut pas compter sur les réparations allemandes que la Commission des réparations de Moscou, dont la France était exclue, a déterminées « en nature » » pour un montant global de 20 milliards de dollars, ne réservant qu’une part très marginale à la France. Ces réparations en nature consistent dans des prélèvements sur « l’outillage industriel et les navires », et « sur les avoirs allemands et les réparations fournies sur la production courante allemande ».

En tout état de cause, le Gouvernement provisoire s’efforce de réaliser le programme du Conseil national de la Résistance. Les chantiers qui s’engagent concernent en partie la réhabilitation des structures industrielles et de transport. Ils sont mis en place à partir de décembre 1944 : nationalisations des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais, des usines Renault et des transports aériens. Le Gouvernement s’applique en outre à procurer aux Français un travail, à leur procurer les soins dont ils ont un grand besoin, à verser leurs pensions aux victimes de guerre, et il s'attelle à enrayer les pénuries et le dénuement.

Les réformes à venir se négocient grâce à un travail commun entre les syndicats patronaux et salariés. Elles aboutissent à la publication des ordonnances de 1945.

Le 22 février 1945 sont institués les comités d'entreprise qui permettent une représentation salariale à l’intérieur des entreprises de plus de cent salariés.

Un système de couverture des risques sociaux est adopté par les ordonnances d’octobre. L’article 1er de celle du 4 octobre dispose qu’« Il est institué une organisation de la sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu'ils supportent ».

L’ordonnance du 18 octobre 1945 pourvoit à la création d’un Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives consacré au développement de l’énergie nucléaire.

La loi du 2 décembre 1945 prévoit la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques ainsi que l'organisation du crédit.

 

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