Histoire et Patrimoine

Après la déclaration de guerre de la France au III^e Reich, le 3 septembre 1939, les services de la Chambre des députés délivrent aux élus ou aux employés encore présents des cartes de circulation pour que, mobilisés, ils puissent se rendre dans les zones où ils sont affectés.

Le 14 juin 1940, les Allemands occupent Paris. Le palais Bourbon est presque vide puisque dès avant le début de la guerre, la Chambre des députés se replie dans la ville de Tours jusqu’au 13 juin, avant de rejoindre Bordeaux puis Vichy, le 30 juin 1940. Une cinquantaine de fonctionnaires des services administratifs tenant lieu de relais de la Chambre sont installés dans la ville de Châtelguyon pour ne revenir à Paris qu’en 1943. Sont restés en poste au palais Bourbon le secrétaire général de la Chambre, le service de l’architecte des bâtiments, des gardiens surveillants, des employés d’entretien, un interprète et un employé des pensions.

Une partie de l’administration du « Gross-Paris » – départements de la Seine, de la Seine-et-Oise et de la Seine-et-Marne –, l’état-major de la Luftwaffe – armée de l’air – et des services des « questions juives » réquisitionnent et occupent le palais Bourbon entre juillet 1940 et août 1944. Les bâtiments offrent de nombreux bureaux vides et forment un quadrilatère assez facile à protéger. Des croix gammées sont déployées dans les travées et une immense lettre V symbolisant la victoire allemande est apposée sur la façade, surmontant une banderole accrochée tout le long de la colonnade sur laquelle est écrite en allemand la phrase « l’Allemagne gagne sur tous les fronts ». Des photographies attestent qu’en 1942, la Chambre des députés est surmontée d’un drapeau nazi. L’occupant s’installe dans les locaux de la questure, dans les bureaux qui longent la Cour d’honneur, les bureaux des cours d’Aguesseau et Montesquieu. Le commandement du Gross-Paris assure les services logistiques, la sécurité des troupes et le maintien de l’ordre.

L’hémicycle sert principalement de lieu de retransmission radiodiffusée à certains discours du chancelier Adolphe Hitler à l’occasion desquels la salle des séances est parée des symboles du Troisième Reich. La première retransmission diffuse son discours devant le Reichstag – siège du Parlement allemand – le 19 juillet 1940. Pour l’occasion, l’hémicycle est pavoisé aux couleurs du régime national-socialiste et un buste en bronze du Chancelier est posé sur la tribune. Cette cérémonie se renouvelle plusieurs fois et notamment le 9 novembre pour commémorer la tentative de putsch de Hitler en 1923. La salle des séances est utilisée 17 fois par les Allemands, essentiellement pour des discours mais aussi pour une séance de cinéma réservée aux officiers supérieurs allemands.

Le palais Bourbon est utilisé pour le tournage en septembre 1942 du film de propagande « Les Forces occultes » de Paul Riche. Critique cinématographique à l’hebdomadaire  « Le Pilori », il y dénonce la supposée emprise de la franc-maçonnerie sur la vie parlementaire de l’entre-deux-guerres.

La Chambre des députés est mobilisée pour la tenue de l’un des rares procès dont la publicité est revendiquée durant l’occupation, offrant un large écho au jugement de sept jeunes résistants communistes du 4 au 6 mars 1942 par un tribunal militaire allemand.

Les services administratifs français encore présents à la Chambre tentent de protéger son patrimoine. Le haut relief en bronze de Dalou est dissimulé dans un mur du salon Casimir Périer, le cuivre et l’étain le composant étant recherchés par les usines d’armement. Un employé a témoigné de la manière dont l’argenterie et les batteries de casseroles en cuivre ont été cachées.

Le 25 août 1944, lors de la bataille pour la libération de Paris, le palais Bourbon est miné. Philippe de Gaulle, fils du général, y pénètre pour donner l’ordre de se rendre aux 400 officiers nazis présents.

Le 8 mai 1945, la Chambre des députés n’est pas reconstituée. L’Assemblée consultative provisoire de Paris fait office d’Assemblée parlementaire du Gouvernement provisoire de la République française de novembre 1944 au 3 août 1945. Les députés ne retrouvent le palais Bourbon que le 6 novembre 1945, date de la première séance de l’Assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution et instaurer la IV^ème République.