Histoire et Patrimoine
Frise chronologique
Monarchie de Juillet
Décoration du salon du Roi par Eugène Delacroix
En août 1831, Adolphe Thiers, alors ministre des travaux publics, confie à Delacroix la décoration du salon du Roi, aussi nommé salon du Trône. Comptant parmi les pièces principales du palais Bourbon récemment modifié par Jules de Joly, le salon est destiné à recevoir Louis-Philippe le jour des séances royales.
À gauche du vestibule menant à la salle des Séances est construit, lors des travaux menés par Jules de Joly, le « salon du Roi » ou « salon du Trône », qui a pour fonction de recevoir Louis-Philippe les jours de séance royale. C’est une salle carrée d’environ onze mètres de côté, avec une niche dans le mur ouest destinée à abriter le trône du monarque, depuis lequel il reçoit l’hommage de la représentation nationale.
Bénéficiant de la protection d’Adolphe Thiers, alors ministre du Commerce et Travaux publics, Eugène Delacroix se voit confier sa première commande officielle : la décoration du salon du Roi. Delacroix n’a pas encore l’immense notoriété qu’on lui connaît aujourd’hui. Dans un premier temps, ce choix déclenche le scepticisme de la critique. Le Constitutionnel du 11 avril 1834 s’exclame ainsi : « Et c’est un peintre aussi peu sûr de son œuvre que l’on a choisi pour décorer une salle entière dans le Palais de la Chambre des Députés, et c’est à un tel peintre que l’on confie une des plus grandes commandes de nos jours ! »
À partir de 1833, Delacroix s’attelle à la tâche. Seul, hormis pour les parties ornementales, il réalise sur les pilastres huit figures allégoriques en grisaille représentant les principaux fleuves de la France et « l’Océan et la Méditerranée, qui sont les cadres naturels de notre pays » selon l’artiste. Au-dessus des arcades, sur la partie supérieure des murs, quatre frises représentent la Justice, l’Industrie, la Guerre et l’Agriculture. Autant de notions qui symbolisent, ainsi que l’écrit Delacroix dans ses notes, les « forces vives de l’État ». Ces allégories, reprises dans les caissons allongés du plafond, sont flanquées aux angles de figures d’amours, emblèmes de la Force, de la Sagesse, de la Fertilité et des Arts.
Malgré l’hostilité de plusieurs journalistes, la critique fait finalement un accueil plutôt favorable au décor de Delacroix, soulignant son habileté à composer avec le décor architectural très compartimenté conçu par Joly, peu propice à la peinture. Le 26 août 1836, Théophile Gautier écrit dans la presse : « [...] M. Eugène Delacroix, que l'on trouve toujours le premier dans toute voie de progrès, est donc le seul qui ait fait récemment de la vraie peinture de décoration, entendue dans le sens de l'architecture et rigoureusement appropriée à la localité qu'elle occupe. [...] Comme arrangement ingénieux, comme symétrie heureuse, les peintures de la salle du trône sont de vrais chefs-d'œuvre ; n'était le maussade goût de l'architecture qui contrarie l'illusion on pourrait se croire, en voyant ces peintures souriantes et lumineuses, dans une salle de la Renaissance décorée par quelque artiste appelé de Florence ».