Histoire et Patrimoine
Frise chronologique
Monarchie de Juillet
Édification de la bibliothèque
La bibliothèque créée le 4 mars 1796 se développe sous la direction d’Armand-Gaston Camus qui recueille une quantité importante d’ouvrages tirés des Dépôts littéraires où sont réunis les fonds confisqués aux bibliothèques du clergé et des émigrés. En 1804, Camus est remplacé par son premier collaborateur, l’ancien moine bénédictin Pierre-Paul Druon qui procède à son tour – jusqu’à sa mort en 1832, à l’âge de 92 ans – à l’acquisition de pièces rares et précieuses.
Pourtant, l’installation de la bibliothèque reste précaire et changeante jusqu'en 1833. À cette date, à la suite de l'acquisition définitive par l'État de la propriété du prince de Condé et dans le contexte des travaux menés par Jules de Joly, la construction de locaux définitifs est entreprise. Joly conçoit un majestueux vaisseau de 42 mètres de long, 10 mètres de large et 15 mètres de haut, terminé par deux hémicycles et divisé en cinq travées coiffées de coupoles. A partir de1838, la décoration de la nef est confiée à Eugène Delacroix.
Comme pour le Salon du Roi, Delacroix puise directement son inspiration dans l’histoire biblique, l’Antiquité et la mythologie gréco-romaine. Il choisit de représenter, par exemple, Adam et Ève chassés du paradis terrestre ou la mort de Saint Jean-Baptiste pour la coupole de la Théologie ; Hérodote et Socrate pour la coupole de la Philosophie ; Hippocrate pour la coupole des Sciences ; Cicéron accusant Verrès pour la coupole de la Législation ; Ovide pour la coupole de la Poésie. Ainsi, les cinq coupoles se retrouvent dédiées à cinq branches fondamentales du savoir, comme des reflets imagés de la connaissance contenue dans les milliers de volumes de la Bibliothèque.
Avec l’aide de trois collaborateurs principaux, Gustave Lassalle-Bordes, Louis de Planet et Pierre Andrieu, Delacroix met presque dix ans pour achever cette immense composition. Il doit faire face à de multiples difficultés : déconvenues techniques relatives à la toile marouflée employée qui l’oblige à recourir à une préparation sur cire ; mésententes avec l’un de ses assistants ; problèmes de santé ; travail en parallèle pour la Bibliothèque des Pairs au Palais du Luxembourg (l’actuel Sénat) ; échafaudages à faire démonter à l’ouverture de chaque session. Le travail est harassant, dans le froid, dans la pénombre ; il y passe des heures, juché sur les échafaudages dans des positions plus qu’inconfortables.
Lorsqu’elles sont terminées à la fin de l’année 1847, ses peintures sont accueillies avec un vif enthousiasme par la critique, qui salue l’inspiration poétique, la vivacité des couleurs, l’ambition iconographique de l’ensemble, dans la grande tradition de la renaissance italienne, au point que certains ont comparé cette réalisation à la chapelle Sixtine.