Histoire et Patrimoine
Frise chronologique
Monarchie de Juillet
La décoration de la bibliothèque par Delacroix
En 1838, Delacroix, qui vient de terminer la décoration du salon du Roi, apprend qu’il est officiellement chargé de celle de la bibliothèque. Cette fois-ci, il s'entoure de collaborateurs : Gustave de Lassalle-Bordes, Louis de Planet, Léger-Cherelle et Pierre Andrieu. Retardés par des problèmes de santé de l’artiste et par la commande, en septembre 1840, de la bibliothèque de la Chambre des Pairs au palais du Luxembourg, les travaux ne sont achevés qu’à la fin de l’année 1847. Si les pendentifs soutenant les coupoles sont réalisés en atelier, les deux culs-de-four doivent être peints sur place, posant des difficultés techniques à répétition : des échafaudages sont montés à 15 mètres du sol, puis démontés au rythme des sessions tandis que des fissures apparaissent, imposant des réparations.
À l’occasion de cette commande, Delacroix mûrit une entreprise qu’il conçoit comme une sorte de fresque de l’histoire de la civilisation. Il consacre chacune des cinq coupoles à l’une des disciplines qui ordonnaient alors la classification des livres : la poésie, la théologie, la législation (au centre), la philosophie et les sciences. Ces cinq types de savoirs sont pour lui l’occasion de représenter un grand nombre de sujets mythiques et historiques. L’éducation d’Achille, la mort de saint Jean-Baptiste, le démon de Socrate ou encore la mort de Pline l’Ancien : le programme iconographique de la bibliothèque livre une vaste synthèse de la culture humaniste classique. Aux extrémités de la salle, les deux culs-de-four de la Guerre et de la Paix opposent d’une part Attila foulant aux pieds l’Italie et les Arts et d’autre part Orphée enseignant aux Grecs encore sauvages les Arts et la Paix.
L’ensemble est accueilli avec enthousiasme par la critique, qui salue l'inspiration poétique, la fête des couleurs et la fécondité de l'imagination du peintre. À travers cette œuvre, Delacroix se pose en artiste complet, à la fois penseur et poète, dans la grande tradition de la Renaissance italienne.