Histoire et Patrimoine
Frise chronologique
Révolution française
La Marseillaise, hymne national
« Le chant de guerre pour l’armée du Rhin» naît dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 à Strasbourg, à la suite de la déclaration de guerre au roi d'Autriche. Sur la demande du maire de la ville Frédéric de Dietrich, Claude-Joseph Rouget de Lisle, capitaine du génie dans l’armée révolutionnaire, compose ce chant belliqueux aux accents de liberté.
Cette composition se diffuse rapidement, sous des formes manuscrites ou imprimées, en Alsace puis à Paris et jusque dans le Sud de la France. Il est en particulier entonné par le bataillon des fédérés marseillais participant à l’insurrection des Tuileries du 10 août 1792, dès leur entrée dans Paris en juillet. Un numéro de La Chronique de Paris note que ces fédérés « le chantent avec beaucoup d'ensemble et le moment où ils agitent leurs chapeaux et leurs sabres, en criant tous à la fois Aux armes, citoyens ! fait vraiment frissonner. Ils ont fait entendre cet hymne guerrier dans tous les villages qu'ils traversaient et ces nouveaux bardes ont inspiré ainsi dans les campagnes des sentiments civiques et belliqueux ; souvent ils le chantent au Palais-Royal, quelquefois dans les spectacles entre les deux pièces. »
Le chant est enseigné sur les places publiques et se répand vite. Il est alors appelé Hymne des Marseillais puis devient La Marseillaise, jouée dans tout le pays comme chant de la République combattante. Selon l'expression de Goethe, l’hymne devient un véritable « Te deum révolutionnaire », qui accompagne les grandes fêtes civiques. Le 14 juillet 1795, la Convention le décrète chant national.
Jugée trop jacobine, La Marseillaise est interdite sous l’Empire et sous la Restauration. Elle resurgit sur les barricades des Trois Glorieuses, inspirant la peinture de Delacroix, La liberté guidant le peuple. Dans l'enthousiasme des journées révolutionnaires, Hector Berlioz en écrit un arrangement qu’il dédie à Rouget de Lisle. Mais Louis-Philippe lui préfère un autre chant plus modéré, La Parisienne.
La Marseillaise retentit à nouveau lors des journées insurrectionnelles de 1830 et de la Révolution de 1848. Entonné dans l'Europe du printemps des peuples, le chant devient séditieux sous le Second Empire. En 1869, le journal d'opposition La Lanterne d'Henri Rochefort reparaît ainsi sous le titre La Marseillaise. Elle accompagne le retour de la France à la République en 1870 et résonne dans Paris lors de la Commune. Dans un contexte de guerre puis d’occupation, le chant garde une force patriotique dont témoignent ces vers de Victor Hugo dans L’Année terrible : « Aux armes, citoyens ! Aux fourches, paysans ! / Jette-là ton psautier pour les agonisants, / Général, et faisons en hâte une trouée / La Marseillaise n'est pas encore enrouée. »
Le 14 février 1879, La Marseillaise devient hymne national au cours d’une séance de la Chambre des députés présidée par Gambetta, mais il n’y a pas encore d’harmonisation officielle. Il faut attendre 1887 pour que soit adoptée, sur proposition d'une commission de musiciens professionnels, une version de référence.
Le 14 juillet 1915, les cendres de Rouget de Lisle sont transférées aux Invalides.
En septembre 1944, une circulaire du ministère de l'éducation nationale préconise de faire chanter la Marseillaise dans les écoles pour « célébrer notre libération et nos martyrs ». Son caractère d'hymne national est ensuite réaffirmé dans l’article 2 des constitutions de 1946 et de 1958, au même titre que le drapeau tricolore et la devise républicaine.