Histoire et Patrimoine
Frise chronologique
Révolution française
Le coup d'état des 18 et 19 brumaire an VIII
La fin du Directoire est marquée par une instabilité générale entre coups d’État successifs, corruption et défaites des armées françaises sur tous les fronts. Le général Napoléon Bonaparte rentre d’Égypte au début du mois d’octobre 1799. Avec l’aide de ses frères Joseph et Lucien, de trois Directeurs dont Emmanuel-Joseph Sieyès et du prince Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, ministre des relations extérieures, il entend participer à la chute du Gouvernement des Directeurs et à remplacer la Constitution de l’an III.
L’abbé Sieyès, nommé Directeur en 1799, aspire fortement à la mise en œuvre d’un nouveau système constitutionnel mais, bloqué par la rigidité du texte organique en vigueur depuis 1795, il recherche un « bras armé » en la personne de Bonaparte qui, pour sa part, n’entend pas rester cantonné à un poste de défense militaire.
Le 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), le conseil des Anciens est convoqué aux Tuileries à huit heures du matin. Des troupes stationnent alentour. Sous prétexte d’une conspiration jacobine qui menacerait la sécurité de l’Assemblée et donc la sûreté de l’État, le Conseil vote le transfert des deux assemblées à quelques kilomètres à l’ouest de la capitale, dans la ville de Saint-Cloud. Napoléon prend le commandement de la force publique.
Le lendemain, 19 brumaire (10 novembre), les deux assemblées sont convoquées pour siéger dans les deux ailes du palais de Saint-Cloud, à l’abri de l’agitation parisienne. Les Anciens regroupés dans la galerie d’Apollon, au premier étage de l’aile droite, demandent en premier lieu des précisions sur la supposée conspiration, tandis que les Cinq-Cents, installés dans l’Orangerie, prêtent serment de maintenir la Constitution de l’an III. Lorsque Bonaparte pénètre dans la salle des Cinq-Cents et y présente un discours malhabile censé convaincre de son respect pour la République, les conseillers comprennent qu’un coup d’État est en cours. Ils accusent le général, dont les grenadiers entourent la salle, de se comporter comme un « nouveau César » souhaitant établir un gouvernement militaire et tentent de le déclarer hors la loi. Son frère, Lucien Bonaparte, président du Conseil des Cinq-Cents, affirme alors aux troupes que des « représentants du poignard » menacent leur général. Il leur donne l’ordre de pénétrer dans la salle et d’en chasser les conseillers et le public.
Dans la soirée, les conjurés se réunissent dans l’Orangerie, délibérant comme une assemblée légale. Plus tard dans la nuit du 20 brumaire (11 novembre), la minorité des deux Conseils favorable à Bonaparte vote la suppression du Directoire et son remplacement par une commission consulaire exécutive composée de trois consuls provisoires : Bonaparte et les deux directeurs Sieyès et Roger-Ducos. Ils prêtent serment devant les deux Conseils d'être fidèles « à la souveraineté du peuple, à la République unie et indivisible, à la liberté, à l'égalité et au système représentatif ». Une Commission consulaire exécutive est nommée pour la révision de la Constitution.
La population parisienne s’avère enthousiaste. Cinq semaines plus tard, le 24 frimaire an VIII (15 décembre), les trois Consuls, Napoléon Bonaparte, Jean-Jacques-Régis de Cambacérès et Charles-François Lebrun publient la Constitution de l’an VIII, accompagnée d’une proclamation : « Une constitution vous est présentée. Elle fait cesser les incertitudes que le gouvernement provisoire mettait dans les relations extérieures, dans la situation intérieure et militaire de la République. Elle place dans les institutions qu’elle établit les premiers magistrats dont le dévouement a paru nécessaire à son activité. La Constitution est fondée sur les vrais principes du gouvernement représentatif, sur les droits sacrés de la propriété, de l’égalité, de la liberté. Les pouvoirs qu’elle institue seront forts et stables, tels qu’ils doivent être pour garantir les droits des citoyens et les intérêts de l’État. Citoyens, la révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée. Elle est finie ».

