Histoire et Patrimoine

La Bibliothèque de l’Assemblée nationale conserve les 23 volumes de la Description de l’Égypte, ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition de l’armée française dans un meuble dédié et décoré de motifs égyptiens commandé en 1837 par les Questeurs de la Chambre des députés.

Ces volumes réunissent les travaux et les recherches réalisés en Égypte par les savants français qui ont participé à l’expédition de Bonaparte entre1798 et 1801. Pour le régime du Directoire, l’expédition égyptienne devait tout d’abord ouvrir un nouveau front où la confrontation avec l’Angleterre pourrait se poursuivre. Elle permettait également d’éloigner le jeune et populaire général Bonaparte auréolé de gloire depuis ses victoires en Italie en 1796 et 1797.

Outre les aspects politiques et économiques, l’expédition française était aussi motivée par la volonté de connaître la culture égyptienne qui fascinait depuis le XVII^e siècle. Ainsi, un groupe de 167 savants, ingénieurs, dessinateurs, architectes et naturalistes ont suivi l’armée pour réaliser des études et dessins des différents monuments, espèces animales et végétales, paysages pour en tirer un savoir encyclopédique, dans l’esprit des Lumières du XVIII^e siècle.

L’expédition leva l’ancre de Toulon le 19 mai 1798 et comptait 40 000 hommes et 10 000 marins répartis sur près de 400 navires. La flotte arriva à Alexandrie le 2 juillet et le 21 juillet, Bonaparte affronta les mamelouks de Mourad Bey lors de la bataille des Pyramides. Toutefois, le 1^er août, l’armée française est battue par une escadre anglaise lors de la bataille d’Aboukir.

Bien que l’expédition d’Égypte soit un échec sur le plan militaire, elle est une réussite d’un point de vue scientifique et culturel. Les récits, parfois enjolivés, de la campagne, ont nourri la légende napoléonienne. Dès lors, une iconographie voit le jour glorifiant et mystifiant le général Bonaparte. De plus, le style « retour d’Égypte » devient à la mode sous le Consulat et l’Empire, tandis que l’orientalisme se répand pendant plusieurs décennies. Le meuble abritant les 23 recueils à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale illustre cette fascination pour l’Égypte antique.

La monumentale Description de l’Égypte, publiée de 1809 à 1829, comporte plus de 3 000 planches d’illustration. Les volumes sont caractérisés par la richesse des couleurs et la précision des dessins, conférant à cette édition un caractère unique et précieux.

La Description de l’Égypte ouvre alors la voie aux grandes études sur la civilisation des pharaons, marquées par le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion en 1822 et l’installation de l’obélisque de Louxor place de la Concorde en 1836.