Commission des affaires économiques

Commission permanente

Présidence de Aurélie Trouvé, députée de la neuvième circonscription de la Seine-Saint-Denis

Actualités

  • "Lutter contre les pannes d'ascenseurs" : adoption d'une proposition de loi

    Mercredi 4 décembre, la commission des affaires économiques a examiné puis adopté la proposition de loi visant à lutter contre les pannes d’ascenseurs non prises en charge, dont Philippe Brun (SOC, Eure) est le rapporteur.

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    Philippe Brun affirme que si l’ascenseur est le premier moyen de transport des Français avec 100 millions de trajets réalisés chaque jour en France, « cette mobilité verticale ne constitue pas une priorité de nos politiques publiques ». Il fait état de pannes « répétées » et « durables » d’ascenseurs dans de « nombreux immeubles de France » qui « ne constituent plus seulement un désagrément du quotidien, mais une atteinte profonde à la dignité des personnes ». Il ajoute qu’une panne durable représente « une véritable assignation à résidence qui entrave l’exercice de la liberté fondamentale d’aller et venir » notamment pour les personnes en situation de handicap ou en perte d’autonomie.

    La loi du 2 juillet 2003 urbanisme et habitat, dit loi « SAE » (sécurité des ascenseurs existants) ou loi « de Robien », a joué un rôle de renforcement de la sécurité au regard du vieillissement du parc d’ascenseurs. Toutefois, « les incidents graves, entrainant parfois la mort des usagers, ont diminué mais n’ont pas disparu » remarque Philippe Brun.

    Le rapporteur explique que l’objectif de la proposition de loi est d’« imposer une intervention et un dépannage rapides » des ascenseurs.

    Les obligations de maintenance et de dépannage qui incombent à l’ascensoriste sont aujourd’hui insuffisantes selon le rapporteur. Seuls sont prévus :

    • L’entretien, la réparation des petites pièces de l’installation ou leur remplacement si elles présentent des signes d’usure excessive et ne peuvent pas être réparées, dans un délai précisé par le contrat de maintenance ;
    • Le dégagement des personnes bloquées en cabine (24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 selon les dispositions de l’arrêté du 18 novembre 2004).

    Dans sa version initiale, l’article 1er oblige le propriétaire de l’ascenseur, le syndic ou le conseil syndical dans les copropriétés, à informer la société chargée de l’entretien et de la maintenance d’un ascenseur, en cas de panne. Il impose, par ailleurs, aux ascensoristes un délai d’intervention de deux jours en cas de panne et un délai de huit jours ouvrés pour remédier au sinistre, sauf motif impérieux. Le non-respect de ces délais est sanctionné par d’une astreinte dont le montant est fixé à 1 000 euros par jour de retard. Si la panne n’est pas résolue dans un délai de deux jours, la société d’entretien et de maintenance doit proposer des dispositifs de portage. En cas de carence de l’ascensoriste, la commune peut se substituer à ce dernier. Enfin, l’article 1er impose aux ascensoristes de constituer un stock de pièces pour intervenir rapidement en cas de panne.

    En commission, les députés ont introduit une astreinte de 250 euros par jour en cas de non-respect de l’obligation d’information dans un délai de deux jours de l’ascensoriste par le propriétaire de l’ascenseur ou par le syndic (CE8). Ils ont, par ailleurs, réduit le montant de la pénalité, s’appliquant en cas de  non-respect du délai d’intervention, de 1 000 euros à 300 euros (CE17). Enfin, ils ont augmenté la fréquence du contrôle technique quinquennal qui devient biennal (CE2).

    Les députés ont, par ailleurs, adopté des amendements tendant à intégrer dans le contrôle technique d’un état descriptif de la vétusté des composants de sécurité de l’ascenseur (CE18), à créer un répertoire national d’identification des ascenseurs (CE19), et à étendre les dispositions de la loi du 5 juillet 1985 tendant à l'amélioration de la situation des victimes d'accidents de la circulation et à l'accélération des procédures d'indemnisation (dite « loi Badinter ») aux accidents d’ascenseur (CE11).

    Dans sa version initiale, l’article 2 prévoit que les dispositions du texte s’appliquent aux contrats en cours.

    En commission, les députés ont décalé l’entrée en vigueur des dispositions à la date de conclusion, de renouvellement ou de la tacite reconduction des contrats de maintenance (CE20).

    La proposition de loi devait être examinée dans le cadre de la journée réservée au groupe Socialistes et apparentés initialement prévue le jeudi 12 décembre 2024. Du fait de l’adoption d’une motion de censure le 4 décembre, la journée réservée au groupe Socialistes et apparentés est reportée au jeudi 22 janvier.

     

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  • Accélération de la rénovation énergétique des logements : adoption d'une proposition de loi

    Mercredi 27 novembre 2024, la commission des affaires économiques a examiné puis adopté la proposition de loi portant accélération de la rénovation énergétique des logements. Stéphane Delautrette (SOC, Haute-Vienne) en est le rapporteur.

    La proposition de loi sera examinée en séance publique le 23 janvier 2025 dans le cadre de la journée réservée au groupe Socialistes et apparentés.

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    71 613 rénovations globales ont été réalisées en 2023 grâce au dispositif « MaPrimeRénov’ » : ce chiffre est trop faible et est bien en deçà de l’objectif de 600 000 rénovations annuelles fixé par la nouvelle Stratégie nationale bas carbone. Selon le rapporteur,  le frein majeur au projet de rénovation des ménages les plus modeste est celui du reste à charge.

    L’augmentation des plafonds de MaPrimeRénov’ et le renforcement des dispositifs de prêts bancaires ont certes facilité le financement de la rénovation énergétique et réduit le reste à charge, notamment pour les plus modestes. En outre, une meilleure articulation entre l’éco-PTZ et MaPrimeRénov’ et la création du « prêt avance rénovation » devaient faciliter le financement bancaire de ce reste à charge.

    Stéphane Delautrette estime toutefois que les outils existants ne sont pas suffisants. Si l’éco-PTZ est ouvert sans conditions de ressources, il est distribué par les banques, qui effectuent systématiquement une analyse de solvabilité excluant de fait les ménages les plus modestes ou endettés. En outre, il souligne que le prêt avance rénovation a « très largement échoué », puisque depuis 2022 seulement une centaine de prêts a été octroyée et seuls trois établissements de crédit le proposent. Il déplore que ce prêt reste coûteux du fait de la capitalisation des intérêts malgré un taux plus bas qu’un prêt hypothécaire classique et l’absence de frais de dossier.

    La proposition de loi vise à créer un mécanisme d’avance remboursable pour financer le reste à charge des ménages modestes réalisant des projets de rénovation énergétique ambitieux. Elle ne vise donc pas à supprimer ce reste à charge, qui reste indispensable pour tenir compte du contexte budgétaire et ne pas encourager les comportements frauduleux de certaines entreprises, mais à s’assurer que ce reste à charge n’empêchera pas la réalisation des projets.

    L’article 1er modifié en commission (amendement CE9) définit le public éligible à l’avance remboursable.

    Les députés ont créé un article 1er bis affectant prioritairement les dispositifs d’aides publiques en faveur de la maîtrise de la demande en énergie et la délivrance des certificats d’économie d’énergie aux rénovations globales et performantes des logements (amendement CE6).

    L’article 2 définit les modalités de l’avance remboursable pour le bénéficiaire : l’avance remboursable est versée par l’Anah, et le bénéficiaire a le choix entre un système de prêt amortissable et un système de prêt in fine.

    L’article 3 crée un fonds de rénovation énergétique géré par la Caisse des dépôts.

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  • "Mesures d'urgences contre la vie chère en outre-mer" : adoption d'une proposition de loi

    Mercredi 4 décembre 2024, la commission des affaires économiques a examiné puis adopté la proposition de loi visant à prendre des mesures d’urgence contre la vie chère et à réguler la concentration des acteurs économiques dans les territoires d’outre-mer. Béatrice Bellay (SOC, Martinique) en avait été désignée rapporteure.

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    La proposition de loi devait initialement être examinée en séance publique le 12 décembre 2024 dans le cadre de la journée réservée au groupe Socialistes et apparentés. L’examen a été repoussé au 23 janvier 2025 consécutivement à l’adoption d’une motion de censure.

    Béatrice Bellay explique que, depuis plusieurs décennies, « les habitants d’Outre-mer font face à un coût de la vie exorbitant ». Cette vie chère se traduit par des prix à la consommation considérablement plus élevés que ceux pratiqués dans l’Hexagone. Aussi, selon l’enquête de comparaison spatiale des prix de l’INSEE, publiée en 2022, les produits alimentaires sont en moyenne 40 % plus chers sur ces territoires.

    Elle affirme que ce phénomène s’explique par une combinaison complexe de facteurs structurels et conjoncturels qui affectent directement le pouvoir d’achat des populations ultramarines, captives sur des marchés exigus où l’offre économique est restreinte : l’isolement géographique, l’exiguïté des marchés, une dépendance aux importations et de forts degrés de concentration économique sur des marchés fréquemment dominés par des oligopoles, voire des monopoles.

    Actuellement, en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à Mayotte, à La Réunion et dans les collectivités d'outre-mer de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin, de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Wallis-et-Futuna, le Gouvernement peut réglementer, après avis public de l’Autorité de la concurrence, le prix de vente de produits ou de familles de produits de première nécessité, en application de l’article L. 410-4 du code de commerce. Ce dispositif n’a toutefois jamais été mis en œuvre à ce stade. En outre, l’article L. 410-5 du même code introduit un « bouclier qualité-prix » (BQP) dans ces mêmes territoires - à l’exception de la collectivité d’outre-mer de Saint-Barthélemy. Le BQP prévoit que le représentant de l’Etat négocie chaque année, après avis public de l’observatoire des prix, des marges et des revenus (OPMR) compétent, avec les organisations professionnelles du secteur du commerce de détail et leurs fournisseurs ainsi qu'avec les entreprises de fret maritime et les transitaires un accord de modération du prix global d'une liste limitative de produits de consommation courante. En cas d’absence d’accord un mois après l’ouverture des négociations, l’article prévoit que le préfet arrête les modalités d’encadrement du prix des produits concernés - disposition qui n’a jusqu’alors jamais été appliquée malgré l’absence d’accord BQP en Guyane ou à Saint-Martin.

    La rapporteure démontre ainsi que les dispositifs existants « se sont révélés insuffisants pour réduire efficacement le coût de la vie des ultramarins ».

    Si elle estime que les OPMR sont des instances essentielles, elle assure que ces observatoires ne bénéficient pas « de véritables moyens humains et financiers » pour fonctionner et qu’ils sont paradoxalement dans « l’incapacité d’analyser les prix, les marges et les revenus ». En outre, si le « bouclier qualité-prix » a le mérite de rechercher une modération des prix fixant, pour un panier d’articles visés, un plafond global de prix, la rapporteure pointe ses « nombreuses limites ». Selon Béatrice Bellay, le dispositif ne viserait qu’un nombre restreint de produits et ferait face à l’absence ponctuelle d’approvisionnement, au manque de collaboration des enseignes et à la méconnaissance et à l’insatisfaction des consommateurs vis-à-vis du dispositif.

    Par ailleurs, la rapporteure dénonce l’absence de transparence sur la formation des prix dans les Outre‑mer. Actuellement, les sociétés à responsabilité limitée et les sociétés par actions sont tenues de déposer au greffe du tribunal leurs comptes annuels et, le cas échéant, leurs comptes consolidés, sous peine d’amende. Le président du tribunal de commerce peut, de sa propre initiative ou à la demande du ministère public ou de toute personne intéressée, enjoindre sous astreinte au dirigeant de la société commerciale de procéder au dépôt de ses comptes. Or, selon Mme Bellay, « les distributeurs assument publiquement ne pas respecter la loi et justifient ce non-respect par le caractère restreint des marchés ultramarins ». Or, malgré ce non-respect assumé des obligations légales, les différents dispositifs d’astreinte prévus par la loi restent rarement mis en oeuvre.

    La rapporteure appelle donc à « prendre des mesures d’urgence ambitieuses contre la vie chère et à mieux réguler la concentration des acteurs économiques ».

    L’article 1er propose de rendre plus effectif le « bouclier qualité-prix » afin qu’il garantisse au sein des territoires ultramarins, pour chaque famille de produits de première nécessité et de consommation courante, des prix équivalents aux prix moyens annuels de vente en France hexagonale. L’article prévoit que l’accord issu des négociations ne vise pas à une modération mais bien à une réduction du prix global d’une liste de produits.

    En cas d’absence d’accord un mois après l'ouverture des négociations, l’article prévoit que le préfet devra arrêter les prix des produits de consommation courante et de première nécessité.

    Les députés ont adopté plusieurs amendements :

    • Suppression de la participation des OPMR aux négociations du « bouclier qualité-prix » (CE48) tout en rétablissant l’avis public des OPMR en amont des négociations BQP (CE47) ;
    • Association des professionnels de la nutrition et de la santé aux négociations (CE19) ainsi que des associations de consommateurs ou toute association que le préfet juge utile (CE35) ;
    • Exclusion des produits issus de la production locale de l’obligation de garantir des prix équivalent à ceux pratiqués dans l’hexagone (CE15) ;
    • Possibilité pour le préfet d’élargir le « bouclier qualité-prix » aux produits du secteur de la téléphonie, de la parapharmacie, des pièces détachées et de garantir une part de produits vendus sous marque de distributeur ou issus de l’industrie locale (CE31) ;
    • Mettre en œuvre un dispositif de comparateur de prix rendu accessible aux populations (CE39) ;
    • Désignation par le préfet des enseignes participant au « bouclier qualité-prix » à l’issue des négociations (CE18, sous-amendé par le CE41) ;
    • Précision des modalités d’affichage des prix et de l’identification des produits inclus dans le panier du « bouclier qualité-prix » (CE1) ;
    • Obligation de rassembler les produits inclus dans le panier du « bouclier qualité-prix » dans des corners spécifiques dans chaque grande catégorie de rayon de magasin (CE40) ;
    • Garantie de la disponibilité et de la qualité des produits par les fonctionnaires habilités à cet effet par le ministre chargé de l'économie (CE17) ;
    • Dissuader la sortie des parties prenantes de l'accord BQP dans une logique de « name and shame » (CE37) ;
    • Renforcement des moyens humains, financiers et juridiques des observatoires des prix, des marges et des revenus (CE33) et possibilité donner d’établir une règlement intérieur (CE38) ;
    • Mise en œuvre d’une évaluation annuelle du dispositif BQP (CE32) ;
    • Transfert automatique des données relatives aux opérations d’achats des produits concernés à la DGCCRF (CE36).
    • L’article 2 (CE44) prévoit de renforcer les sanctions relatives au non-respect de l’obligation de publication des comptes des sociétés commerciales. En pratique, l’article 2 impose au président du tribunal de commerce d’adresser une injonction sous astreinte à toute société commerciale transformant des produits agricoles, commercialisant des produits alimentaires, exploitant des magasins de commerce de détail de produits de grande consommation ou intervenant dans le secteur de la distribution comme centrale de référencement ou d'achat d'entreprises de commerce de détail qui ne procéderait pas au dépôt de ses comptes annuels. L’astreinte ne pourra être inférieur à 1 % du chiffre d’affaires mondial de la société.L’article 3 étend le seuil spécifique de notification des concentrations en Outre-mer de 5 millions d’euros à l’ensemble des domaines d’activités économiques et prévoit un seuil spécifiques pour ces territoires s’agissant du seuil de surface de vente au-delà duquel un projet est soumis à une autorisation d’exploitation commerciale par la commission départementale d’aménagement commercial. En commission, les députés ont également ajouté un seuil correspondant à 25 % de la surface totale sur l’ensemble du département d’outre-mer (CE22).Enfin, les députés ont adopté un article 4 qui prohibe le fait pour un groupe de distribution de détenir plus de 25 % de part de marché dans les départements et collectivités d’outre-mer dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la présente loi (CE4).
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  • "Mesures d'urgences contre la vie chère en outre-mer", "Rénovation énergétique des logements", "Lutte contre les pannes d'ascenseurs" : adoption de 3 propositions de loi

    Mercredi 4 décembre 2024, la commission des affaires économiques a examiné puis adopté 3 propositions de loi :

    Adoption de la proposition de loi visant à prendre des mesures d’urgence contre la vie chère et à réguler la concentration des acteurs économiques dans les territoires d’outre mer (n° 522) (Béatrice Bellay, rapporteure)

    Adoption de la proposition de loi portant accélération de la rénovation énergétique des logements (n° 516) (M. Stéphane Delautrette, rapporteur)

    - Adoption de la proposition de loi visant à lutter contre les pannes d’ascenseurs non prises en charge (n° 518) (Philippe Brun, rapporteur)

    Voir la vidéo du 4 décembre matin, après-midi

    Ces propositions de loi sont inscrites à l'ordre du jour de la séance publique du 23 janvier 2025, journée d’initiative parlementaire du groupe Socialistes et apparentés.

     

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  • Adoption de la proposition de loi contre toutes les fraudes aux aides publiques

    Mercredi 27 novembre 2024, la commission des affaires économiques a examiné puis adopté la proposition de loi contre toutes les fraudes aux aides publiques dont Thomas Cazenave (EPR, Gironde) est le rapporteur.

    Cette proposition de loi sera examinée en séance publique lundi 2 décembre 2024 dans le cadre de la semaine de l’Assemblée nationale.

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    Voir l’examen en commission (mercredi 27 novembre matinaprès-midi)

    Le rapporteur affirme que « la lutte contre la fraude constitue une condition indispensable du consentement à l’impôt et est incontournable en ces temps budgétaires difficiles ». Il salue la feuille de route contre la fraude sociale, fiscale et douanière lancée par le Gouvernement en mai 2023 qui a permis d’enregistrer « un certain un nombre de succès » avec « une mise en recouvrement record » de 15,2 milliards d’euros en 2023 et une augmentation de 50 % des redressements de l’URSSAF sur la fraude sociale aux entreprises. Toutefois, il souligne que « si le débat public se focalise souvent sur la fraude fiscale ou la fraude sociale, de nouveaux dispositifs d’aides publiques ou parapubliques, notamment dans les domaines de la rénovation énergétique ou du soutien à l’emploi, atteignent des sommes très significatives ». Il estime ainsi que les dispositifs de soutien à l’emploi (par exemple la prime à l’embauche d’un apprenti ou les comptes personnels de formation) ou de soutien à la transition énergétique (par exemple les certificats d’énergie ou MaPrimeRénov’) représentent près de 20 milliards d’euros d’aides publiques potentiellement « fraudogènes ».

    Thomas Cazenave avance que ces dispositifs suscitent de plus en plus d’intérêts de professionnels de la fraude organisée qui développent des dispositifs sophistiqués liés parfois à des réseaux transnationaux de blanchiment identifiés. Il estime entre 700 millions d’euros et 1,6 milliards d’euros le niveau de fraude potentiel.

    Il s’inquiète de plusieurs indicateurs « alarmants ». Ainsi, la revue du dispositif des certificats d’économie d’énergie de juillet 2024 estime à près de 480 millions d’euros le niveau de fraude sur les certificats d’économie d’énergie. Tracfin a signalé des mouvements financiers suspects reposant sur près de 400 M€ d’aides publiques versées au titre de « MaPrimeRénov’ » pour la seule année 2023. Enfin, la Cour des comptes, dans un rapport de 2024, relate le résultat d’une enquête menée par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur le secteur de la rénovation énergétique qui a relevé que sur 501 suites prononcées sur 840 établissements contrôlés, 53 % des entreprises en anomalie étant titulaires du label « Reconnu garant de l’environnement » (RGE).

    Le rapporteur affirme que la proposition de loi a pour objet de consolider « le cadre juridique pour lutter efficacement contre les fraudes ».

    L’article 1er instaure un droit de suspension de l’octroi ou du versement d’une aide publique en cas de suspicion de fraude. Cette suspension est d’une durée maximale de trois mois à compter de sa notification. Il autorise également expressément le rejet de l’octroi ou du versement d’une aide publique lorsque la fraude est attestée. Le rapporteur qualifie le dispositif de « lutte contre la fraude à la source ».

    L’article 2 autorise Tracfin à transmettre des informations à l’Agence nationale de l’habitat (Anah) ainsi qu’à la mission interministérielle de coordination anti-fraude (MICAF). En commission, les députés ont élargi et renforcé ces autorisations en permettant à Tracfin de saisir le parquet européen et en confiant au pouvoir réglementaire l’énumération des administrations auxquelles Tracfin peut transmettre des informations (CE67).

    Les députés ont introduit l’obligation pour les organismes de qualification des professionnels de la transition énergétique de transmettre les informations utiles qu’ils détiennent à l’Anah et à la MICAF pour l’exercice de leurs missions de répression de la fraude (CE37).

    L’article 3 s’attache plus particulièrement à la lutte contre la fraude aux travaux de rénovation énergétique et d’adaptation à la perte d’autonomie.

    Ainsi, il rétablit l’infraction de non-immatriculation au registre national des entreprises pour les entreprises artisanales.

    Il prévoit également d’élargir le champ des interdictions de démarchage aux travaux d’adaptation des logements à la perte d’autonomie. Cependant, en commission, les députés ont posé le principe de l’interdiction générale du démarchage téléphonique commercial non consenti (CE35) en introduisant dans le texte le dispositif prévu par l’article 1er de la proposition de loi pour un démarchage téléphonique consenti et une protection renforcée des consommateurs contre les abus, adoptée à l’unanimité le 14 novembre par le Sénat.

    L’article précise également les obligations d’information relatives à la sous-traitance s’appliquant au professionnel qui réalise des travaux de rénovation énergétique vis-à-vis de son client. En commission, les députés ont plafonné l’acompte exigible par les entreprises vendant des équipements ou réalisant des travaux de rénovation énergétique ou en vue de production d’énergie renouvelable (CE28). Ce plafond doit être fixé par voie réglementaire.

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  • Adoption de la proposition de loi visant à améliorer le traitement des maladies affectant les cultures végétales à l’aide d’aéronefs télépilotés

    Mercredi 27 novembre, la commission des affaires économiques a examiné puis adopté la proposition de loi visant à améliorer le traitement des maladies affectant les cultures végétales à l’aide d’aéronefs télépilotés. Jean-Luc Fugit (EPR, Rhône) en est le rapporteur.

    La proposition de loi sera examinée en séance publique le lundi 2 décembre dans le cadre de la semaine de l’Assemblée nationale

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    En droit français, l’article L.253-8 du code rural et de la pêche maritime interdit la pulvérisation aérienne de produit phytopharmaceutique depuis 2011. Ces épandages ne sont autorisés que dans le cas d’un danger sanitaire grave qui ne peut être maîtrisé par d’autres moyens. Une seconde possibilité de dérogation en cas d’avantage manifeste de l’épandage aérien pour la santé humaine et pour l’environnement existait jusqu’en 2015, mais l’article 68 de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte l’a supprimée. Toutefois, la possibilité d’épandre des produits phytosanitaires par drone n’était pas encore envisagée à l’époque souligne le rapporteur. L’interdiction visait alors l’épandage par avion ou hélicoptère.

    A l’initiative de l’Assemblée nationale, l’article 82 de la loi du 30 octobre 2018 dite « EGAlim » a prévu une expérimentation de trois ans (de 2018 à 2021) visant à déterminer les bénéfices liés à l'utilisation de drones pour limiter les risques d'accidents du travail ou en matière de réduction des risques pour la santé et l’environnement. Cette expérimentation a fait l’objet d’une évaluation par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).

    Elle n’était ouverte qu’aux surfaces agricoles présentant une pente supérieure ou égale à 30 % et n’autorisait que l’épandage par drone de produits autorisés en agriculture biologique ou en agriculture à Haute valeur environnementale (HVE).

    L’expérimentation a fait l’objet d’un avis scientifique et technique publié par l’Anses le 1er juillet 2022.

    L’article 1er de la proposition de loi vise à pérenniser l’expérimentation de l’épandage de produits phytopharmaceutiques par drone. Aussi, il lève l’interdiction de pulvérisation pour les parcelles agricoles présentant une pente supérieure ou égale à 20 %, les bananeraies et les vignes mères de porte-greffes conduites au sol. L’article prévoit que seuls pourront faire l’objet d’un épandage par drone sur ces cultures et parcelles les produits phytopharmaceutiques de biocontrôle, les produits autorisés en agriculture biologique et les produits à faible risque au sens de l’article 47 du règlement du 21 octobre 2009. Le rapporteur souligne que les produits les plus nocifs sont donc exclus du dispositif. Ces programmes d’application ne pourront être autorisés que s’ils présentent des avantages manifeste pour la santé humaine et l’environnement par rapport aux applications par voie terrestre.

    En commission les députés ont renforcé le critère de la pente des parcelles sur lesquels l’épandage par drone pourra être autorisé en le passant de 20 à 30 % (identiques CE27 et CE32). Ils ont, par ailleurs, interdit l’épandage par drone à moins de 250 mètres des habitations (CE17) et ont soumis l’arrêté ministériel définissant les conditions d’autorisation des programmes d’application à un avis obligatoire de l’Anses.

    En outre, l’article autorise de nouveaux essais sur d’autres cultures. Ces essais d’épandage ne pourront utiliser que les produits phytopharmaceutiques de biocontrôle, les produits autorisés en agriculture biologique et les produits à faible risque. Ils devront faire l’objet d’une évaluation par l’Anses.

    En commission, les députés ont limité la durée des essais à trois ans (CE29).

     

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  • Adoption de plusieurs propositions de loi (inscrites à l’ordre du jour de la séance publique dans le cadre de la Semaine de l'Assemblée)

    Mercredi 27 novembre 2024, la commission des affaires économiques a examiné puis adopté plusieurs propositions de loi, inscrites à l’ordre du jour de la séance publique dans le cadre de la Semaine de l'Assemblée.

    - Adoption de la proposition de loi visant à prévenir les litiges relatifs aux obligations de décence énergétique et à sécuriser leurs modalités d’application en copropriété (n° 546) (Inaki Echaniz et Bastien Marchive, rapporteurs)

    - Adoption de la proposition de loi contre toutes les fraudes aux aides publiques (n° 447) (Thomas Cazenave, rapporteur).

    - Adoption de la proposition de loi visant à améliorer le traitement des maladies affectant les cultures végétales à l’aide d’aéronefs télépilotés (n° 380) (Jean-Luc Fugit, rapporteur)

    Voir la vidéo du mercredi 27 novembre matin, après-midi

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  • Projet de loi DDADUE en matière économique, financière, environnementale, énergétique, de transport, de santé et de circulation des personnes : examen des articles des articles délégués à la commission du chapitre Ier du titre II

    Lundi 25 novembre 2024 à 16h, la commission des affaires économiques a examiné, pour avis, des articles délégués à la commission du chapitre Ier du titre II du projet de loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne en matière économique, financière, environnementale, énergétique, de transport, de santé et de circulation des personnes (n° 529) (Marie Lebec, rapporteure pour avis).

  • Colère des agriculteurs, accord UE-Mercosur, feuille de route de son ministère... : audition d'Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt.

    Mercredi 20 novembre après-midi, la commission des affaires économiques a auditionné Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt.

    Elle a été auditionnée sur la colère des agriculteurs, l’accord UE-Mercosur, la feuille de route de son ministère.

  • Adoption de la proposition de loi visant au blocage des prix de l’énergie dans l’hexagone et les outre-mer (inscrite à l’ordre du jour de la séance publique dans le cadre de la journée réservée LFI)

    Mercredi 20 novembre 2024 matin la commission des affaires économiques a examiné puis adopté la proposition de loi visant au blocage des prix de l’énergie dans l’hexagone et les outre-mer.

    Cette proposition de loi, présentée par Alma Dufour (LFI-NFP, Seine-Maritime), sera inscrite en séance publique le jeudi 28 novembre dans le cadre de la journée réservée au groupe LFI-NFP.

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    Voir l’examen en commission

    La proposition de loi contient trois articles.

    Le premier article prévoit le blocage des prix des produits énergétiques pendant un an à compter de la promulgation de la loi. Un niveau de blocage spécifique est prévu dans les outre-mer.

    L’article a été rejeté en commission.

    En commission, les députés ont adopté un article additionnel prévoyant l’interdiction des offres de fourniture d’électricité et de gaz naturel ne permettant pas au consommateur de connaître le prix de l’énergie au moment où il la consomme (CE4).

    L’article 2 comporte plusieurs dispositions relatives aux tarifs de vente au détail de l’électricité du gaz. Concernant l’électricité, l’article prévoit de modifier la formule de calcul des tarifs réglementés de vente de l’électricité (TRVe) afin que ceux-ci reflètent les coûts du système électrique français. Il prévoit également que l’ensemble des consommateurs finaux puissent bénéficier de ces tarifs.

    Actuellement, l’article L. 337-7 du code de l’énergie dispose que les TRVe bénéficient aux consommateurs finals domestiques ainsi qu’aux clients professionnels employant moins de 10 personnes et dont le chiffre d’affaires, les recettes ou le total de bilan annuels n’excèdent pas 2 millions d’euros. En outre, les TRVe n’étaient accessibles qu’aux consommateurs disposant d’une puissance souscrite inférieure à 36 kilovoltampères (kVA) ; cette condition est cependant supprimée par la loi du 11 avril 2024 visant à protéger le groupe Electricité de France d’un démembrement à compter du 1er février 2025.

    L’article 2 prévoit également de rétablir les tarifs réglementés de vente du gaz (TRVg) au bénéfice de l’ensemble des consommateurs. Ces derniers avaient été entièrement supprimés depuis le 1er juillet 2023.

    L’article 3 prévoit, enfin, un encadrement de la marge brute liée aux activités de raffinage des produits pétroliers. Un mécanisme pérenne prévoit que lorsque la marge brute augmente davantage que le cours du pétrole Brent, l’encadrement se fait selon un coefficient multiplicateur maximum, fixé par décret, entre le prix d’achat du pétrole brut et le prix de vente au distributeur. Un mécanisme provisoire pour l’année 2025 prévoit un encadrement de cette marge sans considération de son évolution par rapport au cours du pétrole Brent.

    En commission, les députés ont prévu que le coefficient multiplicateur fixé pour les outre-mer doit nécessairement être inférieur à celui fixé pour la France hexagonale (CE15).

  • Questions énergétiques et prise en compte dans le PLF 2025, feuille de route à son ministère… : audition d'Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques

    Mardi 19 novembre 2024 en fin d'après-midi, la commission des affaires économiques a auditionné Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques.

    Elle a été auditionnée sur les questions énergétiques et leur prise en compte dans le projet de loi de finances pour 2025, sa feuille de route à son ministère…